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Écosystème #Interview

#Lepapieraufutur Sylvaine Cortada, Prisma Média, SEPM

18.03.2020
Sylvaine CORTADA est la Directrice de la fabrication et de la vente au numéro de Prisma Media.

Actes du Colloque Culture Papier 2019 : #Lepapieraufutur
Les responsabilités du papier.
Les chemins de progrès de l’écosystème du papier graphique.

 

Le papier est un bio matériau d’avenir

 

Le 20ème siècle était celui de la croissance fondée sur une hypothétique abondance, le 21ème siècle sera celui de la sobriété imposée par la finitude de notre planète et de ses ressources. Dans ce contexte le papier est résolument un bio matériau d’avenir, il coche toutes les cases. Il est issu de ressources naturelles renouvelables, recyclables, biodégradables. Il représente une vraie alternative au plastique dans bien des cas.

Innovant, il peut se faire technique pour des applications en médecine, dans l’industrie. Dans le domaine de l’information et de la communication, il est le support de la confiance, de l’attention. Les communicants, les publicitaires, les influenceurs eux-mêmes ne s’y trompent pas. Pour les Youtubeurs, un article dans la presse papier représente la consécration.

Pourtant en cette période de « Plastic bashing » le papier graphique continue d’être le mal-aimé. Celui qu’on accuse de détruire les forêts, de priver les animaux de leur habitat. Alors que se chauffer au bois, utiliser des pailles en carton, c’est tendance, écolo, imprimer des journaux, des magazines ou des livres c’est autre chose. Les images de coupes franches en Amérique du Nord ou en Asie sont dans tous les esprits. Nous avons bien du mal à communiquer sur la forêt européenne qui est gérée durablement, qui grandit chaque année, qui joue son rôle dans la conservation de la bio-diversité et de la lutte contre le changement climatique. Nous avons bien du mal à faire entendre que le bois énergie et de construction représente plus des trois quarts de l’utilisation du bois et que l’industrie papetière européenne est l’une des industries les plus vertueuses récompensée par des systèmes de notations environnementaux tel qu’ECOVADIS.

L’industrie papetière n’a pas attendue la mode verte pour diminuer sans cesse ses impacts sur l’eau, sur l’air, pour améliorer son efficacité énergétique et utiliser majoritairement la biomasse et ses propres sous-produits. La presse écrite est le média de la confiance pourtant elle ne parvient pas à communiquer sur ce sujet, certainement parce qu’elle est toujours soupçonnée d’être juge et partie. Les pouvoirs publics ne nous facilitent pas toujours la tâche en prônant la dématérialisation systématique, en opposant fibres recyclées et fibres vierges alors qu’elles sont complémentaires. Nous sommes mis au défi par le dispositif de l’éco contribution et la loi sur l’économie circulaire d’intégrer de plus en plus de fibres recyclées et d’utiliser des papiers provenant d’usines de proximité. Il y a une incitation à utiliser des usines de proximité alors qu’elles n’existent plus et que les débouchés pour le vieux papier en France sont dans l’emballage ou l’hygiène et non dans le papier graphique ! C’est d’ailleurs pour l’emballage qu’il nous est demandé, et c’est tout à fait légitime, de ne plus utiliser pour imprimer nos magazines d’encres minérales avec des composés aromatiques qui risquent de se retrouver après collecte dans des emballages alimentaires. De ce point de vue, nous avons des solutions que nos imprimeurs ont mis en œuvre sans attendre le législateur. Notre responsabilité principale est d’imprimer la juste quantité sur un papier certifié issu de forêts européennes gérées durablement ou recyclé . Chez Prisma, nous nous sommes engagés à ne pas utiliser de papiers en provenance d’Asie pour éviter tout risque de participer à la déforestation. Nous optimisons les formats, les grammages, même si là encore nous faisons face à une contradiction, puisque nous sommes accusés de détruire des forêts par le même lecteur qui plébiscite les beaux papiers et les mooks avec un papier épais. Nous optimisons aussi les passes, passe d’impression, de brochage, nous choisissons des imprimeurs responsables et certifiés.

Nous travaillons aussi sur la distribution, sur la maitrise du taux d’invendus, avec toutes les nouvelles technologies à notre disposition pour optimiser le réglage, mieux communiquer avec le réseau et se saisir de la nouvelle opportunité que représente la loi sur la modernisation de la distribution de la presse pour pouvoir gaspiller le moins possible. Nos invendus sont recyclés et entrent dans une filière circulaire. Toutes ces actions d’optimisation ont le mérite d’être « écolonomiques » comme dirait Emmanuel Druon, l’économie rejoint l’écologie. D’autres défis, comme la suppression des blisters fossiles pour les abonnés, présentent une difficulté économique. L’alternative vers laquelle nous poussait le législateur, le film « home compost » biodégradable, compostable chez soi, coûte plus cher et n’a pas vraiment toutes les vertus écologiques qu’on lui prêtait :  il n’est pas recyclable, il contient malgré tout de la matière fossile, et on imagine mal le lecteur enlever le film et aller le mettre dans le compost. L’alternative que nous aurions privilégiée :  l’enveloppe papier demande des investissements énormes au niveau des machines de routage et induit un surpoids qui rajoute au problème économique, le problème de coût postal.

Quant au routage à découvert, il pose le problème de qualité du produit reçu et celui des ressources économiques liées aux encarts qui sont dans les magazines et qui risquent de ne jamais atteindre leurs destinataires. Une lueur d’espoir est apportée par un projet développé par le CTP, (Centre technique du papier) à Grenoble, dans le cadre d’une convention pluriannuelle signée avec CITEO. Le CTP est en train de travailler sur un projet de papier dit « glassine » qui permettrait de se substituer au film avec cette fois un vrai bio matériau puisqu’il s’agirait de fibres de cellulose.

Enfin, la presse magazine a également la responsabilité d’inciter au geste de tri et d’informer le lecteur consommateur ce que nous faisons entre autres par l’insertion d’encarts CITEO dans le cadre de la contributions en nature.

Les impacts environnementaux du média papier sont connus depuis la fin des années 2000.

Nous réalisons des bilans carbone, des analyses de cycle de vie alors que cela est beaucoup plus flou, concernant l’impact des médias numériques.  Nous ne souhaitons pas opposer numérique et papier mais regarder avec lucidité les deux formes de médias. Nous souhaitons  que le lecteur ait le même niveau d’information pour les deux et qu’il puisse ainsi faire son choix en connaissance de cause.

Au moment où l’on commence à entendre parler de Green IT et d’empreinte écologique du numérique, nous savons que le papier a tous les atouts pour le séduire.


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