Développer la complémentarité de papier et du numérique
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Développer la complémentarité de papier et du numérique

Valoriser les complémentarités du papier et de l’imprimé avec le digital

  • Favoriser l’efficacité du mix média pour une meilleure la communication et mémorisation, comme le démontre de nombreuses études cognitives,
  • Mettre en comparaison l’impact énergétique et sociétal du numérique, en sortant d’une seule logique comptable de réduction de papier
  • Encourager la sobriété numérique,
  • Promouvoir un véritable « droit de l’homme numérique » qui respecte la protection des libertés individuelles et démocratiques, et la portabilité et la sécurité des données personnelles.

 

La vie privée n’est pas une parenthèse dans l’Histoire

Jusqu’à récemment encore inaudibles, les alertes de nombreux auteurs* aux approches complémentaires, de l’enquête de terrain à la réflexion philosophique multiplient les diagnostics cliniques sur une impuissance désabusée des citoyens face à la banalisation de « la surveillance et de la marchandisation de leur vie privée » (d’Harcourt) où ils sont à la fois des contributeurs compulsifs et des cibles consentantes.

Faire apparaître les dispositifs du contrôle social en pleine lumière. La collusion opaque entre les pouvoirs publics et le secteur privé est établie par de nombreux auteurs. D’autant que l’efficacité des dispositifs de surveillance qui ne cessent de se diversifier est d’être devenu ‘gazeux’ : soit ils organisent leur invisibilité, soit ils ne se présentent pas comme tels. L’intrusion massive de la reconnaissance faciale est à ce titre exemplaire ; imposée aux citoyens sans concertation ni limite législative. Autre exemple ; connaissez-vous le ‘stalking’ (ou voir en étant vu) qui crée l’addiction des membres des réseaux sociaux ? « C’est un art divinatoire incertain aux conclusions contestables ce qui les rapprochent dans ce sens de la déduction algorithmique. La différence ? Au lieu d’entrainer la machine à détecter les signaux faibles, nous habituons notre cerveau à les identifier dans une boucle de rétroaction fonctionnelle. »
Compte tenu des biais multiples des algorithmes, il faut d’urgence de développer une ‘technocritique’ pour sanctuariser notre vie privée. Ce qui nécessite plus de régulation, de mobiliser les imaginaires tout en repolitisant les enjeux de ces dispositifs ubiquitaires.

Sortir de l’addiction à la société « d’exposition ». Associant érudition philosophique et technique, Bernard E. Harcourt s’empare de l’intuition fondatrice de Foucauld de Surveiller et punir, forgé en 1975 pour élaborer sa paradoxale Société d’exposition. Avec une approche stimulante : c’est notre désir – inextinguible – de reconnaissance qui aboutit à une servitude volontaire assumée alors même que « tous nos mouvements, activités et déplacements quotidiens deviennent accessibles à ceux qui disposent des technologies les plus rudimentaires. » Avec notre consentement, « la propriété et l’usufruit de notre vie privée se démembrent pour être progressivement confisquées. »

 

Vers une nécessaire « désobéissance numérique » pour une société aidée – et non pilotée – par les données.

Malgré de nombreuses tentatives internationales (ONU, UNESCO) ou européennes pour cadrer la transformation es quatre constats (rédigés dès 2016 par le Forum d’Avignon) restent d’actualité et invitent à élaborer une nouvelle éthique numérique :

  • « Devenues l’enjeu, la monnaie et le moteur d’une société pilotée par les données, les données personnelles constituent l’ADN numérique de chaque individu. Elles dévoilent ses valeurs culturelles et sa vie privée. Leur protection contre les manipulations constitue un enjeu démocratique majeur,
  • La culture de la donnée est une chance qu’il faut accompagner d’un cadre éthique afin de permettre le développement de la recherche, dans le sens de l’intérêt général, tout en protégeant la dignité de chaque individu. Cette démarche de transparence peut être en outre un élément de compétitivité et de réputation des entreprises face à celles qui s’y refuseraient,
  • Il s’agit de favoriser la confiance de chaque individu sur l’usage, la sécurité et la recherche collective sur ses données personnelles pour le respect de la dignité humaine et de la diversité culturelle. La réponse est par nature universelle, portée et hissée au niveau des conventions internationales,
  • Enfin, l’humanité a déjà su concilier innovation sur la recherche du génome et protection des libertés individuelles par une Déclaration universelle du génome ratifiée le 11 novembre 1997. « L’ADN numérique » mérite une réflexion similaire. »

L’exemple du projet de Déclaration des Droits de l’Homme Numérique du Forum d’Avignon.

 

*Bibliographie :
• Bernard E. Harcourt. La Société d’exposition. Désir et désobéissance à l’ère du numérique. Seuil, 336 p., 23 €.
• Olivier Tesquet. A la trace. Ed. Premier Parallèle. 260 p. 20€
• Eric Sadin. La silicolonisation du monde. Edition de L’Echapée, 2016
• Bernard Stiegler. Dans la disruption. Comment ne pas devenir fou. Les Liens qui Libérent, 2016
• Christine Kerdellant. Dans la google du Loup. Plon, 2017