« Il faut défendre le métier de libraire, culturellement et économiquement » pour Anne Martelle, président du SLF.
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Culture #Portrait

« Il faut défendre le métier de libraire, culturellement et économiquement » pour Anne Martelle, président du SLF.

12.10.2020
Anne Martelle, libraire à Amiens, vient d’être élue Présidente du Syndicat de la Librairie Française (SLF). C'est pour Culture Papier l’occasion de faire le point sur les perspectives de ces lieux culturels de proximité. Fermés pendant le confinement, ils connaissent une véritable embellie de fréquentations et d'achats démontrant l'attachement des Français pour le livre (voir édito).

Dans quel état d’esprit abordez-vous votre nouveau poste ?

Avec enthousiasme et humilité.
Enthousiasme parce que nous, libraires, faisons un métier formidable et qu’il faut le défendre culturellement et économiquement ;
Humilité parce que la situation sanitaire est exigeante. Nous l’avons vu pendant le confinement, où dès le deuxième jour les élus du Syndicat de la Librairie Française (SLF) se sont réunis en visio conférence pour s’organiser et faire face à une crise sanitaire qui a paralysé pendant deux mois et demi notre économie et qui continue de nous impacter. Nos réunions quotidiennes, les échanges que nous avons eus avec les associations régionales de libraires, les distributeurs, les diffuseurs et les pouvoirs publics nous ont prouvé que la parole du SLF était attendue et comptait dans les décisions prises.

Anne Martelle, présidente du SLF ©SLF/Librairie Martelle

 Quels sont les chantiers prioritaires à mettre en place ?

L’accompagnement des libraires pour la fin d’année nous semble prioritaire. La période de Noël est cruciale dans le résultat des librairies. La Covid-19 va certainement entraîner une baisse de la fréquentation physique des librairies. Il nous faut donc accompagner les libraires dans des solutions de clic & collect, possibles grâce au site www.LibrairiesIndependantes.com, que nous accompagnerons d’une campagne de communication nationale.
Pour les autres chantiers, mon action au SLF sera dans la continuité de ce qui a été fait sous la présidence de Xavier Moni, accompagnement et formation des libraires, poursuite du dialogue avec les diffuseurs sur la production éditoriale, sur les conditions commerciales. L’Observatoire de la librairie, qui met en réseau 350 librairies françaises et permet d’obtenir des indicateurs économiques au quotidien, est un excellent outil pour tous ces travaux.

Les librairies doivent-elles se diversifier et devenir des espaces de vie (restauration, lieu d’échanges) pour se développer ? 

Qu’appelez-vous « se développer » ? Qu’une librairie se diversifie et mélange la TVA 5.5% du livre avec d’autres services ou produits avec de meilleures marges ne me choque pas tant qu’il y a du sens, de la résonance avec le livre. Je crois que cela tient aux personnes qui travaillent dans cette librairie. On peut y ajouter un salon de thé, un café, un restaurant (quoiqu’en période de Covid cela paraît hypothétique), tant que la création éditoriale est mise en valeur, et que vos clients se sentent bien chez vous et prennent plaisir à flâner, tout va bien.

La reprise de l’activité après le déconfinement a bien montré l’attachement des clients à leurs librairies mais, plus globalement, au livre et à la lecture.
Ne perdons pas cela de vue.

 Pensez-vous développer d’avantages les liens avec toutes les autres professions de l’écosytème du papier graphique, les papetiers, les imprimeurs, les éditeurs… ?

Nous fabriquons trop de déchets, nous tous, de la filière livre. Il faut trouver des solutions pour remédier à cette situation. Nous avons, il y a un an, créé une commission développement durable, présidée par Frédérique Massot, libraire à Dreux. La Covid a ralenti les travaux mais nous allons reprendre la réflexion sur le sujet et si d’autres veulent nous rejoindre, ils seront les bienvenus !  C’est un enjeu pour toute la filière et je sais que les imprimeurs sont particulièrement avancés sur ces sujets.

Depuis le déconfinement, les ventes de livres papier repartent à la hausse, pensez-vous que ce phénomène va s’inscrire durablement ? Le livre est-il définitivement un bien de première nécessité ?

Il y a toujours eu des grincheux pour annoncer la fin du livre. La radio, le cinéma, la télévision, les jeux vidéo, le numérique, et j’en oublie certainement, allaient signer la mort du livre. Depuis le déconfinement, les clients se sont rendus en librairie et ont acheté du livre physique (+12% source : Observatoire de la librairie). Que s’est-il passé pendant que les Français étaient confinés chez eux ? C’est un peu tôt pour le savoir, mais on peut penser qu’ils ont découvert ou redécouvert le plaisir de la lecture. La joie de lire une histoire le soir à ses enfants avant le coucher, le plaisir de se laisser emporter, consoler, envahir par un récit qui résonne en vous. J’espère que cela va s’installer dans la durée et que les passeurs de rêves et de savoir que sont les libraires sauront garder le cap en ces temps tourmentés.

www.syndicat-librairie.fr

 

4 coups de cœur littéraires d’Anne Martelle, Librairie Martelle (3, rue des Vergeaux 80000 Amiens) :

  • Avant les diamants, de Dominique Maisons (Editions de la Martinière)

  • Fille de Camille Laurens (Editions Gallimard)

  • La chambre des dupes de Camille Pascal (Editions Plon)

  • Ce lien entre nous de David Joy (Editions Sonatine)

 

 

 

 


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