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Écosystème #Interview

En devenant le recours « haut de gamme » de l’attention, l’imprimé retrouvera sa place et surtout sa valeur, pour Stéphane Courtot, Antalis

11.09.2020
Stéphane Courtot, président Antalis France et également directeur général Europe de l’Ouest & Asie, insiste sur l’importance de relocaliser certaines industries mais lance aussi le nécessaire débat sur la sobriété, qu’elle soit numérique ou imprimée, et une publicité qui ne soit plus une incitation à la consommation à tous prix.

Quel rôle l’imprimé peut-il tenir dans l’après Covid et participer à la reprise ?

La période très singulière que nous avons vécue ces derniers mois a montré, plus que jamais, le besoin de contact de l’être humain, son besoin de garder le lien avec ses proches, d’être une partie d’un tout. La période de confinement, grâce aux outils digitaux, a permis de rapprocher des familles séparées, des amis éloignés, des collègues esseulés…tout en laissant de nombreuses personnes coupées de tout contact et tout particulièrement de tout contact humain physique de proximité. Quelle chance nous avons de vivre à notre époque et de disposer de tous ces outils numériques ! Mais ils ne font pas tout et ne feront jamais tout. La période de confinement a également permis à une très grande majorité de redécouvrir le plaisir de lire un livre, de feuilleter un magazine, d’écrire et de recevoir des lettres…

Le papier, via l’imprimé, répondait alors à ce besoin de contact, de matérialité, de lien avec le réel, dans cette période qui nous a semblée parfois si irréelle

Ce besoin de matérialité, de réalité palpable, est toujours aussi prégnant maintenant que nos vies reviennent peu à peu à la normale et que la reprise se profile.

Quels types d’innovations attendez-vous du média papier/imprimé face aux nouveaux enjeux RSE qui se profilent ?

La crise du Covid nous a montré à tous comme nous étions parfois trop dépendants d’industries, de prestataires éloignés, dans d’autres pays voire d’autres continents, en termes d’approvisionnements ; elle nous a également montré la fragilité de nos modèles économiques dans une économie aujourd’hui mondialisée. Est-ce que le défi post-Covid ne serait pas de prendre conscience de l’importance de relocaliser le plus possible notre économie ? Même si à notre époque, nous sommes parfois convaincus que les défis sont mondiaux et que l’approche se doit d’être globale, quid d’une économie plus concentrée géographiquement, plus adaptée aux défis culturels, humains et écologiques locaux ? Les enjeux sur la consommation de papier de bureau, sur le recours aux imprimés, sur les habitudes de lecture ne sont pas les mêmes en Europe de l’Ouest qu’en Europe de l’Est ou même qu’en Asie ou en Amérique du Nord. Et si nous relocalisions nos façons de penser et nos approches stratégiques ? Bien sûr, il n’est pas question de repli sur soi-même, qui serait néfaste à notre développement.

Comment la publicité peut-elle participer à la transition écologique ? 

La transition écologique se matérialise aujourd’hui par de multiples initiatives de la part des professionnels comme des citoyens ou des associations.

S’il est un point sur lequel citoyens et associations se rejoignent,
c’est bien la nécessité d’arriver à une certaine sobriété
.

Sobriété dans la production, dans la consommation, dans les déplacements, dans la communication, etc. Sur ce dernier point, l’imprimé publicitaire a peut-être perdu un peu de son intérêt ou de sa valeur ces dernières années par le trop-plein d’incitation à la consommation qu’il contenait…toujours plus de hi-fi, d’habits, de voitures, de nourriture, de loisirs, etc. La publicité papier, mais c’est aussi le cas de la publicité à la télévision ou reçue digitalement -cookies, spams, fenêtres pop-ups intempestives- ne véhicule souvent plus dans l’esprit du consommateur de message à valeur ajoutée et devient du jetable, du zappable, du blocable, et sans parler de sa profusion qui entraîne une pollution écologique (serveurs…) non négligeable. Les professionnels de la communication, papier comme digitale, se doivent de donner ou de redonner de la valeur à leur message ; cette valeur retrouvée passera par la sobriété et non plus par l’incitation à la consommation à tous prix. La publicité, les campagnes marketing, qu’elles soient sur papier ou numériques, se doivent d’être moins nombreuses, plus qualitatives, plus ciblées, plus appropriées…tout le monde y gagnera, l’annonceur comme le destinataire.

Dans cette disruption sociétale accélérée, quelle est votre proposition pour que le papier/imprimé ait sa place dans une sobriété numérique dont la prise de conscience tarde à s’imposer ?

Permettez-moi de dire en préambule, que le problème n’est pas le papier mais bien le gâchis de papier (comme d’autres matériaux), la sobriété passe donc par une meilleure utilisation du support papier. Dans cette recherche de sobriété dans la communication, le papier, l’imprimé, de par sa valeur intrinsèque et son coût de base plus élevé, se doit de montrer la voie, en devenant le recours quasi « haut de gamme » pour les campagnes marketing et les imprimés en tous genres. Le papier retrouvera ainsi non seulement sa place mais surtout sa valeur.

A la profusion d’incitations et stimuli numériques, innombrables, instantanées, peu chers, peu ciblés, parfois voire souvent peu qualitatifs, doit répondre l’imprimé papier,
plus rare, plus sobre, plus noble, bien pensé, bien ciblé, sur un papier de qualité, éco-responsable, imprimé et façonné localement.

www.antalis.fr

 

 


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