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Culture #Interview

#Lepapieraufutur Cyril Petit, JDD

18.03.2020
Cyril Petit est le directeur adjoint de la rédaction du JDD. A l'occasion du Colloque Culture Papier #Lepapieraufutur, il a animé la table ronde dédiée au futur de la presse papier.

Actes du Colloque Culture Papier 2019 : #Lepapieraufutur
La valeur sociétale de l’imprimé

Le journal pour une information hiérarchisée

Le Journal du Dimanche est un quotidien atypique et unique puisqu’il n’est en vente qu’un jour par semaine. Mais il est désormais un quotidien qui publie tous les soirs une édition numérique, un mini-journal qui anticipe l’actualité : Le Journal de Demain. La preuve que le papier est essentiel mais que le numérique est indispensable pour assurer l’avenir.

Le JDD est au coeur du sujet que nous allons évoquer : quel avenir pour le papier en tant que support d’information. Je suis un ardent défenseur du journal : dans mon esprit, le journal regroupe plusieurs réalités : il peut être imprimé, en PDF, ou même numérique. Il s’agit d’un format hiérarchisé où tout ne se vaut pas, où les informations sont rangées clairement, où le lecteur sait où il en est. Un format fermé, qui échappe aux pollutions ou tentations extérieures, notamment des liens vers d’autres contenus. C’est un support où la parole de mon voisin sur Facebook ne vaut pas celle du Monde ou des Échos.

 

Il y a quelques semaines, il s’est passé un événement d’aussi triste que rare : la mort d’un journal régional. L’Écho avait été créé en 1943 par la Résistance, il a cessé de paraître quand le Tribunal de Commerce de Limoges a prononcé sa liquidation. Si l’on en croit certains prévisionnistes de la presse, il n’y aura plus de papier dans dix ans comme support d’informations quotidienne. Cela fait très longtemps que cette prévision court :  il y a dix ans c’était déjà dans dix ans, aujourd’hui c’est encore dans dix ans, et espérons que dans dix ans ce sera encore dix ans.

De toutes façons, la presse papier n’existe déjà plus comme une entité autonome : on parle de titres de presse écrite et non pas de presse papier.

 

Aujourd’hui, les enjeux sont autour du numérique, de la diffusion numérique mais aussi autour du papier.

Le support papier reste un des canaux de diffusion, parfois un canal principal notamment pour les quotidiens régionaux. Concernant la presse magazine, le papier représente encore une part importante et même majoritaire de la diffusion des revues, et peut-être une part aussi de leur avenir. C’est encore un écrin qui attire les annonceurs, un des pieds économiques indispensables de la presse.

 

La presse papier reste bien présente dans notre quotidien. Il serait trop facile de dire qu’elle se lit en numérique en extrapolant le simple cas des quotidiens nationaux. En 2018, plus de trois milliards d’exemplaires de presse ont été vendu en France selon l’ACPM. Un tiers en vente au numéro, un tiers par abonnement, et seulement 10% en numérique. Néanmoins les chiffres de diffusion papier sont globalement, à quelques exceptions près, en baisse.

 

Les raisons sont sociologiques avec un changement d’usages des lecteurs. Elles sont aussi professionnelles avec des points de vente qui ferment. Selon Culture Presse nous avions environ 22.000 points de vente de presse en 2019. Le marché souffre certes moins d’attrition que le reste du commerce de proximité mais, il y a dix ans, nous comptabilisions 30.000 points de vente de presse papier. 10.000 ont disparu en dix ans.  Face à l‘omniprésence des écrans, la presse papier constitue une alternative vis-à-vis de l’accélération du flux des images, la manipulation parfois des réseaux sociaux, la domination de l’immédiateté.

 

Si la presse est menacée dans son modèle économique, elle porte pourtant des valeurs sociétales, des valeurs financières, des valeurs symboliques, des valeurs journalistiques, des valeurs démocratiques, et des valeurs sociétales qu’il faut absolument préserver.

 

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