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Presse #Interview

Un média doit valoir son prix, rappelle Jean-Clément Texier, CFC

28.01.2021
[Spécial La Presse au Futur] Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication porte un regard lucide et confiant sur la capacité des médias à relever les défis d'une "économie de guerre". Le conseiller écouté de nombreux éditeurs anime deux conférences le 3 février : Presse locale et régionale : les atouts d’une presse de proximité (15h-16h) et La distribution de la presse est-elle sauvée de la tempête ? (16h-17h).


La presse régionale a connu un rebond lors de ces derniers mois, quels sont les principaux arguments pour croire en sa pérennisation ?

Le confinement a rétréci la mobilité et la proximité est devenue un point cardinal. La PQR (Presse quotidienne régionale), qui s’était convertie moins vite que la PQN à la numérisation, a acquis ses lettres de noblesse et a connu un développement de sa puissance avec 28 millions de pages vues par mois et 9 millions par jour !

La PQR est le média le plus puissant en numérique après les GAFA.

Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication @ DR

La crise oblige les entreprises de presse à se remettre en cause et à larguer leurs archaïsmes. C’est un milieu qui a souffert de résistances, que ce soit au niveau de l’impression, de la distribution mais aussi des conservatismes des rédactions qui ne pourront plus produire du contenu comme il y a 10 ou 15 ans. Une entreprise de presse est d’abord et avant tout une entreprise. Si certaines veulent sortir gagnant en 2022, elles vont devoir se remettre en question. Dans les 10 prochaines années, il faudra être en économie de guerre.

Grâce à un plan de filière de la puissance publique, la PQR va enfin alléger ses coûts d’impression et la révolution organisationnelle comparable à celle que la PQN avait su opérer. Grâce à Guillaume Riccobono, on a une fluidité nationale avec 5 rotatives au niveau national. Il faudra rationaliser les outils d’impression. L’État permet aux entreprises d’alléger leurs effectifs mais il faut que les entrepreneurs acceptent des mutualisations, des coopérations. Il émergera des entreprises de presses régionales de tailles plus importantes. Si on veut accentuer la force du média PQR sur le numérique, il faut à la base une assise puissante. Ce n’est pas un hasard si Ouest France, premier quotidien français, obtient les meilleurs résultats. D’autres font preuve de réelles innovations, à l’image de l’ouverture d’un campus « Sud Ouest » au pied de son imprimerie.

La valeur de la presse vient-elle encore de l’information ?

Nous sommes revenus de la futilité qu’impliquait la gratuité avec l’information rapide sur le net. Il y avait une banalisation de la qualité des contenus mais désormais tous les éditeurs qui réfléchissent savent qu’ils doivent renforcer leurs offres éditoriales, qu’ils pourront tenir en se différenciant, en innovant. En faisant appel à plus de journalistes, d’écrivains qui donneront une vraie raison de les acheter. Un média doit valoir son prix, quelques soient les modes d’accès. Un certain nombre de titres vont devoir se réinventer sous peine de disparaître. Les marques qui dureront seront celles qui créeront de la différence. La banalisation des produits entraîne la perte de valeur.

Nous allons passer de la diffusion à l’adhésion, de l’indifférence à l’engagement.
Ce seront les titres qui sauront marquer leur singularité qui arriveront à bien se vendre.

Comment voyez-vous l’avenir de la presse dans 10 ans ? Presse papier/ presse digitale comment le mix s’organisera-t-il ?

Je crois à la capacité de rebond des éditeurs de presse. Je crois dans l’écrit car il n’est pas en conflit avec l’écran. Dans cette « annus horribilis », le livre a fait preuve de sa résilience. Aujourd’hui un certain nombre de maisons d’éditions françaises créent les contenus de référence et d’événements, qui développent des phénomènes de société.
Si je balaye l’année de janvier 2020 à janvier 2021, elle a commencé avec Le Consentement et finie avec Familia Grande. L’écrit a deux pieds : la presse et le livre. À une époque la presse faisait plus de 10 milliards de CA dont une partie des revenus provenait de la publicité qui a été siphonnée par les GAFA et la vente des contenus. Elle devrait tombée autour de 5 milliards et l’édition résiste autour de 4 milliards. Les deux avancent en commun et diffusent un certain nombre de valeurs.

Propos receuillis par Patricia de Figuieredo le 22 janvier 2021
Pour s’inscrire aux conférences du 3 février :

  • Presse locale et régionale : les atouts d’une presse de proximité (15h-16h)
  • La distribution de la presse est-elle sauvée de la tempête ? (16h-17h)

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