Tribune Le nouveau dynamisme de l’industrie papetière passe par l’économie circulaire, par les députés Stéphanie Kerbarh et Damien Adam
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Tribune Le nouveau dynamisme de l’industrie papetière passe par l’économie circulaire, par les députés Stéphanie Kerbarh et Damien Adam

19.12.2019
Tribune portée par Stéphanie Kerbarh et Damien Adam concernant l'usine de recyclage papier graphique UPM Chapelle Darblay située dans la commune de Grand-Couronne.

La filière française, et plus largement européenne, de l’industrie de recyclage des papiers et cartons d’emballage connait une crise structurelle. Les ressorts de cette crise sont différents, qu’ils s’agissent des usines de recyclage de papier graphique (papier fin, papier journal, magazine) ou celles de papier carton, dont l’usage se limite essentiellement aux emballages.

  • D’une part, la filière de recyclage de papier graphique subit un ralentissement de son activité depuis l’arrivée, début des années 2000, d’une technologie de rupture : l’internet haut débit. En effet, la dématérialisation des usages, qu’elle soit dans l’utilisation du papier transactionnel (factures, relevés), du papier administratif ou des supports de presse écrite (papier journal, magazine) a pour conséquence la baisse du volume des ventes de papier graphique. À titre d’exemple, de 2002 à 2017, la production de papier graphique est passée de 44% du volume total de production de la filière des papiers et cartons à 28%.
  • D’autre part, la filière française et européenne de recyclage du papier carton connait également une situation de crise. Depuis la décision prise cette année par la Chine de ne plus recevoir les déchets de papier d’emballage, les centres de tri français et européens sont saturés et, faute d’unités de recyclage de carton en nombre suffisant sur le sol français et européen, le secteur cherche de nouveaux débouchés en Asie du Sud – Est.

C’est dans ce contexte que, le 10 septembre dernier, le groupe finlandais UPM a annoncé son intention de se séparer de son usine de recyclage de papier graphique à Chapelle Darblay.

 

Néanmoins, il existe des débouchés porteurs pour le site industriel d’UPM Chapelle Darblay qui possède des atouts exceptionnels. Tout d’abord, l’entreprise dispose d’une localisation idéale en étant située sur l’Axe Seine entre Paris et Le Havre, avec une proximité avec les Grands Ports Maritime de Rouen et du Havre, ce qui constitue un avantage important pour promouvoir une économie circulaire de proximité. Ensuite, l’entreprise possède une chaudière biomasse lui permettant de produire une énergie respectueuse de l’environnement, car utilisant comme combustible du bois de recyclage et non du bois forestier. En outre, il y a une solide connaissance du process et du savoir- faire industriel que l’entreprise est soucieuse d’enseigner, notamment par son implication auprès des centres de formation d’apprentis. Enfin, elle est prête à transformer son outil de production de papier graphique, et à se diriger vers des marchés en croissance, tels que le marché du papier d’emballage ainsi que le papier d’hygiène (papier toilette, essuie-tout). En effet, la demande de papier d’emballage est portée par une utilisation croissante des commandes en ligne, ainsi que le remplacement des plastiques d’emballage en papier carton; le papier d’hygiène est lui aussi porteur, car l’augmentation de la population mondiale offre de nouvelles perspectives de débouchés.

Pour ses raisons, il est de notre devoir politique de soutenir l’entreprise UPM Chapelle Darblay dans sa recherche d’un repreneur, et par la même, de créer un environnement favorable à son établissement pour que puissent être sauvegardés l’activité industrielle et l’emploi.

Nous invitons l’ensemble des acteurs publics (État, Région Normandie, et collectivités territoriales) ainsi que les acteurs institutionnels, et notamment la Banque Publique d’Investissements (BPI) à accompagner le ou les futurs repreneurs du site industriel UPM Chapelle Darblay, notamment en proposant aux financeurs privés de garantir les prêts pour faciliter l’accès aux crédits. Enfin, les acteurs publics peuvent déployer, avec le ou les repreneur(s), un système de financement pour consolider une offre de reprise, à l’instar de celui réalisé pour consolider l’offre de reprise d’Altifort de l’aciérie Ascoval où pour chaque euro d’investissement privé trouvé, l’État ajoutait 1 euro d’investissement public.

Notre devoir politique est de pouvoir assurer la pérennité du site industriel UPM Chapelle Darblay. Ce devoir s’inscrit dans une volonté de promouvoir le recyclage et la production des papiers graphique, d’emballage carton et d’hygiène dans une économie circulaire de proximité et non dans une économie mondialisée qui n’offre pas, dans ce cas précis, une bonne maitrise des impacts environnementaux, notamment ceux liés au transport des déchets cartons par voie maritime.

Stéphanie Kerbarh, Damien ADAM, Députés de Seine-Maritime

 


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