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Société #Interview

« Si je change, le monde change aussi », le plaidoyer pour un art de vivre et de vivre ensemble de Victoire Theismann.

17.05.2021
"J’ai envie de croire que tout est possible" : l'optimisme actif de Victoire Theismann est communicatif. Loin d'être découragée par l’apparence dérisoire de nos gestes individuels, son manifeste, Si je change, le monde change aussi : l'effet papillon, illustré par Laurie Neuhuys-Barboteau (Editions Pygmalion) incite à changer d’état d’esprit pour nous (ré)ancrer dans nos valeurs, (ré)étalonner nos priorités. L'auteure psychanalyste et romancière propose une approche décomplexée pour apprendre  - oui cela s'apprend ! - à être autrement. Son interview sort des chemins battus.

Comment votre « écosophie » d’apporter au monde, un art de vivre et de vivre ensemble est-il né ?

J’ai été éduquée par une mère qui était très engagée dans la défense des animaux et de la nature. Elle nous a aussi invité à être respectueux des lieux et des autres. Ne pas jeter de déchets dans la rue, dans la nature, je ne pense pas qu’à l’époque, elle le faisait dans une conscience écologique. Pour elle, c’était une question de respect des autres, de respect de la beauté du monde et de propreté. Mon grand-père paternel, quant à lui, était un ancien résistant, chef de réseau en Belgique, il m’a appris à ne pas imposer à autrui ce que je n’aimerais pas vivre moi-même. Ces deux personnes m’ont guidée par leur exemplarité et leur humilité vers le respect des lieux, de la nature et des êtres. Ces modèles ont participé à mon engagement écologique mais ce qui m’a surtout motivée, c’est de prendre conscience de la gravité de la situation et d’observer à quel point peu de personnes en avaient conscience.

L’écologie n’est pas un parti, elle est un état d’être.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, je préfère le terme « écosophie » qui nous invite à une écologie profonde et abandonnant la notion d’anthropocentrisme.

Victoire Theismann auteure de Si je change, le monde change aussi : l’effet papillon.

Qu’avez-vous cherché à transmettre avec ce livre ?

Souvent face au dérèglement climatique, face à la pollution généralisée, nous nous vivons comme impuissants. Nous ne manquons pas d’envie de participer à un mieux-être et un mieux-vivre pour tous mais nous ne savons pas par où commencer. Et de ce fait, nous baissons les bras ou nous fuyons dans une forme de déni de la gravité de la situation. Aussi pour tenter d’offrir des pistes, j’ai eu envie de partager mon cheminement, mes recherches afin de démontrer qu’il est possible de sortir de ce sentiment d’impuissance. J’ai aussi l’espoir d’avoir pu transmettre que tout commence par nous-mêmes. Si nous sommes de plus en plus en paix intérieurement, les choix que nous poserons, seront des évidences, en adéquations avec nos valeurs profondes et nos élans de Vie. Je suis convaincue que notre humanité vit une période cruciale.

Soit nous élaborons une autre façon de vivre ensemble sur cette magnifique planète,
soit nous nous auto détruirons totalement.

Notre société néolibérale hyper consumériste nous mène à notre perte. Une petite minorité d’entre nous vit très bien ou correctement et une immense majorité vit pauvrement voire dans le plus grand dénuement. Nous détruisons des écosystèmes extraordinaires pour répondre à des besoins qui ont été créés de toute pièce et déstabilisons un équilibre global. Le dérèglement climatique en est l’un des symptômes parmi de nombreux autres.

« L’homme ne se situe pas au sommet de la hiérarchie du vivant, mais s’inscrit au contraire dans l’écosphère comme une partie qui s’insère dans le tout » nous disait Arne Næss, dès 1960. Ce livre invite à la fois à réveiller ceux qui n’ont pas encore intégré l’urgence, à s’inscrire dans un processus de réconciliation et de bienveillance avec soi et avec le reste du monde. Il invite également à replacer l’humain à sa juste place, c’est à dire faisant partie d’un écosystème.

Vous mettez beaucoup de témoignages de personnes différentes, des personnalités et des inconnus, vous croyez à la vertu de l’exemple ?

J’ai été une petite fille seule et très réservée mais qui était à l’écoute de ce qui se passait autour d’elle. Cela m’a permis de découvrir que souvent la Vie et les autres nous montrent ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. . Ces exemples m’ont aidée à avancer et m’ont évité beaucoup d’erreurs. Et quand je n’avais pas d’exemple, j’essayais de ressentir et de comprendre ce qui serait le choix le plus juste. J’ai aussi fait des choix impulsifs en réaction à certaines situations et ces choix ont souvent été des erreurs. Gandhi dans sa grande sagesse, nous y a invité : « Soyez, le changement que vous voulez voir advenir dans le monde » nous disait-il. Et plus prosaïquement, si on observe les bébés et petits humains ou non humains. Ils apprennent par l’exemple qui leur est donné. On dit que 80% de la communication entre les êtres vivants est non verbale. Un enfant se construit bien plus, sur ce qu’on lui montre consciemment ou inconsciemment que grâce à ce qu’on lui dit. Aussi, partager les expériences et les réussites de centaines de personnes, partout dans le monde, qui s’engagent pour préserver notre planète et par le fait même la Vie sur terre m’a semblé être une belle façon d’inspirer un élan de vie à ceux qui ne savent pas par où commencer.

Quels sont vos rapports et vos usages du papier et du numérique ? Pensez-vous que la conscience de la pollution du numérique commence à émerger ? 

Le papier est pour moi essentiel. Le parfum d’un livre, d’un carnet de notes ne sera jamais remplacé par un fichier numérique. J’écris toujours la 1ère version d’un livre à la main sur des cahiers avec mon stylo plume ou un roller. Les versions suivantes sont travaillées sur mon ordinateur et enregistrées sur un disque dur externe car je sais à quel point les « cloud » sont source de pollution numérique.

Cela ne fait pas très longtemps que j’ai pris la réelle dimension de cette pollution invisible du numérique
et pourtant dramatique.

Je fais aussi très attention à éviter d’envoyer trop de mails et à me désinscrire des si nombreuses newsletters. De plus, j’ai tendance à garder l’habitude d’écrire des lettres aux gens que j’aime car cela me semble plus intéressant et poétique comme démarche.

Pensez-vous qu’il faille être optimiste pour l’évolution du changement climatique dans les années qui viennent ?

Je suis optimiste par nature. Et je ne peux me résoudre à imaginer que nos enfants vont vivre un enfer. Aussi, je veux croire que plus nous seront nombreux à prendre conscience de l’urgence, plus nous aurons de chance de réduire l’impact de nos choix de vie. Et ce qui me réjouit, c’est que de nombreux lecteurs m’écrivent et me disent que ce livre leur a ouvert les yeux mais aussi donné de l’espoir et l’envie de fonctionner autrement. J’ai donc envie de croire que tout est possible.

Propos recueillis le 15 mai 2021

Podcast et Livre : Si je change, le monde change : l’Effet papillon, Editions Pygmalion

Lien vers le podcast : https://podcast.ausha.co/si-je-change-le-monde-change-l-effet-papillon

 


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