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SAY est la revue l’extrêmeophobe, pour Jean Rognetta.

08.07.2021
Version française de Project Syndicate, Say – du nom de l’économiste éclairé Jean-Baptiste Say (1767 - 1832) - ce Mook trimestriel associe sur plus de 160 pages des signatures prestigieuses sur l’économie et la politique internationale. Jean Rognetta, journaliste économique qui a co-fondé ce média avec l’entrepreneur Guillaume-Olivier Doré nous présente le 5e numéro sorti le 30 juin, avec des pages culturelles renforcées.

Comment l’idée de vous est-elle venue de lancer SAY ?

Jean Rognetta

Nous souhaitions notamment prendre le contrepied de la revue de Michel Onfray « Front Populaire » qui réunit souverainistes d’extrême droite et d’extrême gauche. Il y a la place, en France, pour une revue qui exclut les parti-pris idéologiques et met en avant les faits et leur analyse.

Pour cela, nous nous sommes associés aux Éditions Hermann et à Project Syndicate. Grâce à leurs partenariats noués avec des dizaines d’universités américaines et les principaux Think Tank, ils bénéficient de contributions régulières de chercheurs et Prix Nobel de la paix et en économie notamment.

SAY tente de présenter un débat droite-gauche, réaliste et modéré ; nous avons créé une revue ‘extrêmeophobe’.

De quelle manière s’est faite le lancement ?

Nous avons négocié une licence avec Project Syndicate pour pouvoir traduire et reproduire leurs articles en France. Nous avons commencé à réunir autour de nous des penseurs français qui contribuent à la version Française, que nous présentons parfois à Project Syndicate. Le but étant de créer autour de la revue un mouvement d’idées qui soit français et ouvert à l’international.

Quant au lancement, il a été conçu pendant le premier confinement et lancé la veille du deuxième. À chaque sortie de numéro il y avait un confinement !

Cette volonté de faire des articles longs sur le support papier est un choix revendiqué ?

 La presse papier est en train de devenir un produit de luxe. Un quotidien vaut 2 ou 3 euros alors que le quinquagénaire que je suis le payait 2 francs dans ma jeunesse. Le prix est un marqueur de luxe : on vend de plus en plus cher des produits de moins en moins beaux et intéressants. La lecture sur papier de longs articles illustrés avec l’art de la mise en page possède quelque chose d’infiniment plus agréable que de lire des revues sur le web, même s’il en existe de très intéressantes comme Le Grand Continent ou AOC. Pour l’information pure, le biais générationnel reste un marqueur. Personnellement j’ai plaisir à lire la presse quotidienne sur papier, de qui n’est pas forcément le cas des jeunes générations.

La presse peut produire des objets de luxe, donner aux lecteurs un produit de qualité, aussi bien dans l’éditorial que dans la mise en pages et la forme.

Quel est le modèle économique du mook ?

Vente en librairies, au sein du réseau FNAC et Relay, les abonnements et la publicité qui reprend depuis la fin du confinement sont nos principales ressources.

SAY est aussi disponible sur les sites numériques, Cafeyn et E-presse : nous récoltons de bons chiffres, ce qui est encourageant vue la pagination. Nous assistons à beaucoup de téléchargements malgré une pagination importante. Depuis la fin du confinement, nous avons mis en place des moyens de promotion : mélange de publicité en ligne et sur les lieux de vente, afin de faire levier.

De plus, la diffusion aussi sur Cairn nous permet d’attirer un public d’étudiants fidèles. Nous sommes très contents d’avoir un produit dont les universités peuvent offrir l’accès via l’abonnement Cairn. Nous sommes dans une bonne logique. Ce n’est pas une revue savante, Nous essayons d’être le Zadig de l’économie et de la politique internationale. Si je faisais une comparaison, America était le titre le plus proche de nous.

Comment voyez-vous le rôle du papier dans 10 ans ?

 Dans 10 ans et même 50 ans, il existera toujours des livres et des magazines sur papier, mais avec un réseau de distribution qui va devoir s’adapter et se réduire. Ce sujet est primordial. Dans la presse comme ailleurs il est plus simple de commander sur Internet que d’aller sur un point de vente. La modification, le remodelage a commencé avec le dépôt de bilan de Presstalis. Les répercussions vont avoir lieu sur de nombreux produits et accélérer l’émergence d’un marché de luxe, intermédiaire entre le kiosque et la librairie.

Des articles longs avec une mise en page dynamique

Si vous prenez l’exemple de l’écran, on n’imagine pas que Netflix va remplacer et la télévision et le cinéma dans 10 ans. Durablement des expériences collectives de consommation culturelles sur écran perdureront. Il y a une démarche plus luxueuse de voir un film au cinéma plutôt que sur tablette. On peut faire le parallèle avec la lecture sur papier versus numérique.

D’autres projets ?

Nous travaillons à une nouvelle édition sur papier de Finance Mag, l’ancien Fintech mag qui est à l’origine du groupe.

 

SAY, en chiffres

  • 5000 tirages
  • 1500 ventes sur Kiosque Numérique
  • Imprimé en France.

Jean Rognetta

Journaliste, il a débuté dans la presse informatique, puis pendant la bulle Internet a participé au lancement d’une start-up Silicon.fr. De 2000 à 2015 il collabore aux Échos et à la lettre Capital Finance. En 2016, il lance Forbes France et en 2020 la revue Say

Parallèlement, il lance en 2010 l’association PME Finance qui est à l’origine du PEA PME et devient délégué général de Croissance Plus pendant un an.

Propos recueillis le 02 juillet par Patricia de Figueiredo


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