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Culture #Interview

Inventons une « paper therapy » face à l’addiction des écrans suggère l’artiste du papier Marianne Guely

26.04.2020
Marianne Guély est une artiste du papier. Avec son Studio qu’elle définit comme un « incubateur de talents », elle réalise des sculptures de papier – du tableau décoratif à l’embellissement de vitrines - pour de nombreuses marques.

Le papier compte-t-il – et comment – dans votre confinement ?

En véritable « book addict », mon premier réflexe a été de prendre une caisse de papier, de livres d’art et de romans pour vivre le confinement en Normandie. Ce temps suspendu permet de redécouvrir des artistes qui sont sources d’inspiration.

Tous les jours je travaille une sculpture en papier, je reprends le temps de manipuler ce matériau. Ces pratiques et ces expérimentations sont essentielles pour mon équilibre créatif. Je suis partie avec du papier Arches, du Pur Coton et de la pulpe de papier. J’ai envie de le mixer avec du lin qui est très présent dans la région du Pays de Caux.
Je suis avant tout passionnée par la matière et ses transformations possibles. Le papier me rassure.
Parallèlement, je gère mon Studio de création. Nous avons des projets qui continuent, demandant un suivi attentif, créatif, et administratif. Enfin, j’aime aller acheter mon journal papier et prendre le temps de lire tranquillement. C’est un vrai plaisir retrouvé. Une manière de prendre en compte l’information avec du recul.

Quel rôle le papier peut-il tenir dans l’après Covid et participer à la reprise ?

J’insisterais sur le bel avenir que peut avoir la filière papier et carton dans le domaine de l’emballage alimentaire ou cosmétique. La R&D est indispensable pour avancer dans cette voie.

Aujourd’hui le papier est sous utilisé dans ces filières et il faut mettre en avant ses vertus d’économie circulaire.

J’ai eu certains témoignages de papetiers dont une partie de leur activité est liée à l’alimentaire, ils sont actuellement dans une période de forte commande. C’est un écho positif et qui me conforte dans la perspective de la reprise.
Le papier doit aussi rester présent dans le mix de la communication. Je suis intimement persuadée que recevoir une belle invitation papier, toucher de belles matières papier restera toujours un plus dans la relation commerciale avec ses clients et partenaires. Mais pour que l’étonnement soit toujours présent, il faut rester en veille sur les nouveautés techniques d’ennoblissement de la matière.

Quels types d’innovations attendez-vous de l’écosystème du papier face aux nouveaux enjeux qui se profilent ?

Il est temps de revaloriser l’image du papier et ses vertus dans une économie circulaire auprès des étudiants de toutes les filières. Pour réussir de ce projet de communication et d’éducation, les papetiers doivent se rassembler.
Pourquoi ne pas créer le « mois ou la journée du papier » ? Avec des Ateliers, des bibliothèques, librairies événementielles et nomades pour favoriser l’écriture, le dessin, le pliage, la lecture et le lien social sur l’ensemble des territoires. Et profiter aussi pour initier à la fabrication du papier…
Il faut continuer à rechercher des papiers qui soient toujours plus innovants surtout dans le domaine de l’alimentaire et qui puissent petit à petit remplacer les matières plastiques.

 

Dans cette disruption sociétale accélérée, quelle est votre proposition pour que le papier ait sa place dans le « capitalisme numérique » ?

Le papier et le crayon sont des outils essentiels pour retrouver des moments de concentration face à notre activité intense sur internet. Pourquoi d’ailleurs ne pas parler de ‘paper thérapy’ face aux addictions des écrans ? Écrire et poser ses idées sur une feuille de papier permet automatiquement de rester concentré. L’écriture ou même dessiner est un moment pour se retrouver et pour méditer. Le papier c’est aussi la noblesse de la matière, un toucher agréable que jamais le numérique ne pourra remplacer.

Le papier est complémentaire du digital, il permet de garder la mémoire de ses pensées.

Soyons créatifs, pourquoi ne pas imaginer un partenariat avec Apple ou Samsung pour associer le papier afin de compenser les réflexes addictifs du smartphone.

Comment envisagez-vous l’avenir de votre studio ?

J’ai été invitée à participer avec des étudiants de l’ESSEC à un Hackathon dans le cadre de la chaire de Management des Savoir-faire.
Une très belle idée a émergé : faire de mon Studio une marque avec une image déclinée dans la mode, la décoration intérieure et le lifestyle.
Après la crise de 2008, j’ai installé mon Studio au cœur de Paris pour pouvoir avoir plus de visibilité. Depuis nous avons pu nous développer en installant un Atelier à Aubervilliers pour la construction de nos grands projets. Cette période de réflexion et de recul est bénéfique pour la création d’une nouvellestructure qui soit le prolongement de mon Studio de création. Il faut voir cette période comme un tremplin pour lancer d’autres aventures créatives.

Propos recueillis en avril 2020 par Patricia de Figueiredo

http://marianne-guely.com


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