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Culture #Interview

Plus personne ne croit à la mort du livre, pour l’auteure François Bourdin

03.12.2020
Malgré son statut envié d’auteure de best-sellers - chacun de ses romans flirtent avec les 100 000 exemplaires en moyenne - Françoise Bourdin est pourtant peu médiatisée, délaissée par les prix littéraires. Ce paradoxe n’empêche pas l’auteure aux 47 titres ni de satisfaire un lectorat fidèle, ni de compter parmi les plumes les plus constantes du livre caritatif 13 à table.

Pendant le deuxième confinement, les livres n’ont pas été considérés comme des biens essentiels, qu’en pensez-vous ?

©Mélania-Avanzato

J’ai été très choquée ! Déjà parce que les libraires avaient joué le jeu avec la distanciation, le gel, le marquage au sol, tout passage était bien encadré. De plus déclarer que les librairies ne sont pas plus essentielles que les coiffeurs m’a semblé incongru. Je peux aller acheter des boulons mais pas des livres ! C’est curieux, je n’ai pas compris cette ségrégation, d’autant plus qu’en Province, dans les supermarchés, de l’Intermarché, du centre Leclerc et du Carrefour, il y avait beaucoup de monde.

Le livre est essentiel, pour éviter de passer son temps devant la télévision ou les séries Netflix surtout quand on est bloqué chez soi. Fallait-il vraiment faire marcher Amazon plutôt que nos libraires ?

Votre dernier livre est paru en mai « Quelqu’un de bien », comment cela s’est-il passé ?

Il est sorti juste au moment de la fin du confinement. La date de parution avait été fixée depuis longtemps. Pour un éditeur cela devient compliqué si tout le monde décale. A un moment, il fallait aussi que pour la réouverture des librairies, les lecteurs puissent trouver des nouveautés. J’étais satisfaite car le roman s’est très bien vendu, c’est même un des plus beaux scores que j’ai fait depuis des années ! Il y avait un manque, une frustration, qui sont revenus à l’automne.

Comment voyez-vous le livre, le papier dans 10 ans ?

Je vois toujours la vie avec du papier, pareil qu’aujourd’hui. On a tellement annoncé la mort du papier, la mort du livre que je pense que plus personne n’y croit !  La meilleure preuve en est que le livre numérique n’a pratiquement pas décollé en France. C’est vrai que dans certains pays, il fait de bons scores, mais il stagne en France.  On sent qu’il y a l’amour du papier, Pour moi un livre doit être physique, il doit être un objet que l’on puisse toucher, feuilleter. Que l’on peut prêter, donner. Je suis d’une génération qui n’aurait sans doute pas adhéré au numérique mais j’observe que les jeunes pas d’avantage. En dehors de la praticité que peut avoir le numérique pour un voyage, le papier a une très longue vie devant lui.

Si vous aviez un enfant devant vous que lui diriez-vous ?

Le dernier roman de Françoise Bourdin sorti en mai 2020

J’ai 3 petits enfants qui ont 8, 6 et 4 ans. Depuis leur naissance, ils sont couverts de bouquins. Ils sont volontiers sur la tablette, mais dans la bibliothèque, ils peuvent y gagner des mots et des illustrations, c’est formidable. Quand mon petit-fils de 8 ans prend un livre dans ma bibliothèque, je lui répète de le faire en respectant l’objet. J’ai hérité des très beaux livres de mon père. Certains livres joliment illustrés le fascinent. Que mon métier est d’écrire les histoires le fascine

Vous faites partie des écrivains présents depuis la première édition de 13 à Table, pourquoi une telle fidélité dans l’engagement ?

Dès le début j’ai tout de suite compris que tous ensemble nous faisions quelque chose de bien. Cela fait 7 ans désormais et depuis cette création, nous avons réussi à financer 5 millions de repas, cela représente quelque chose de conséquent. Les chanteurs le faisaient depuis longtemps avec le « Concert des enfoirés », mais avant 2014 les auteurs ne s’étaient pas mobilisés. Quand j’ai été sollicitée, j’ai tout de suite accepté et chaque année je le refais avec enthousiasme.

Quelles sont vos lectures de confinement ?

Je suis une lectrice acharnée mais ces confinements, cette maladie nous ont angoissés, c’est moins facile pour lire. Je lis le dernier Harlan Coben, L’Inconnu de la forêt (Belfond),Autre roman recommandé par ma fille qui tient une chronique littéraire, « Je suis née de la nuit » de Caroline Audibert. L’héroïne s’est mise dans la tête d’un loup, de sa vie à sa mort. Y compris quand il est empaillé !  C’est un roman extraordinaire, j’adore découvrir un auteur en devenir, j’espère qu’elle aura beaucoup de succès.Un livre merveilleux que j’ai lu cet été ; Il est des hommes qui se perdront toujours, de Rebecca Lighieri, sorti chez POL, sur l’amour et les blessures d’enfance.Je relis volontiers de la poésie, notamment Baudelaire, le spleen de Paris c’est comme de lire une nouvelle. Il y a tout un univers dans un poème

Enfin concernant mes parutions, j’ai un autre livre qui devrait sortir au printemps prochain, qui se passera à Grandville, face à la mer.

Pour suivre François Bourdin : https://www.francoise-bourdin.com


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