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Lire sur papier possède un côté salvateur pour la concentration, selon la députée Céline Calvez

06.01.2021
[Spécial 2020-2030] Céline Calvez, députée des Hauts-de-Seine est très impliquée pour l’égalité femmes-hommes dans notre société et dans les médias en particulier. Elle a remis en septembre 2020 un rapport sur La Place des femmes dans les médias en temps de crise à la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Comme membre de la commission des affaires culturelles et à l’éducation, elle veut favoriser les passerelles entre le monde éducatif et celui de la culture, dans cette perspective, l’imprimé prend tout son sens sociétal.

La notion de biens essentiels a été au cœur de l’actualité de ces derniers mois, les livres en font-ils partis ?

Oui, ils sont essentiels, comme tous les biens ou services culturels. Que ce soient les pages d’un livre, les planches d’une scène, les expositions dans les musées. Mais les expériences culturelles n’ont pas eu le même traitement ces derniers temps parce qu’elles n’engagent pas les mêmes implications sanitaires.

Le débat a déjà eu lieu au mois de mars ; le SNL prudent et craintif avait préféré rester fermé. Il a fallu lui rappeler lors de la discussion du mois d’octobre. Le point positif est que nous n’avons jamais autant parlé des livres !

Quel est votre rapport au papier ? Lisez-vous sur papier ?

Quand je le fais, cela est salvateur pour mes yeux et pour ma concentration. La lecture sur écran est perturbée par toutes les notifications qui surgissent à la différence de celle sur papier où l’on plonge dans le texte. Étant fille d’institutrice la lecture sur papier était bien présente dans ma famille.

Je travaille beaucoup sur les aides à la presse qui insistent sur le volet de la presse papier avec des aides au postage, au portage, avec la matérialité qui véhicule l’information. Il faut que nous puissions, non seulement valoriser le papier et accompagner la transformation numérique de la presse, mais aussi trouver le bon équilibre avec le numérique qui n’a pas les mêmes utilisations. Certaines informations méritent d’être publiées.

Entre la presse imprimée et numérique, il faut une logique de complémentarité
et pas d’opposition.

Vous avez remis à la Ministre de la Culture et de la Communication, Roselyne Bachelot, un rapport sur la place des femmes dans les médias.  Quelles ont été vos conclusions, notamment dans la presse écrite ?

La presse écrite est globalement moins acculturée à cette prise en compte de l’égalité entre les femmes et les hommes à l’intérieur des contenus que les médias audiovisuels qui sont régulés par le CSA. Depuis 5 ans, ils doivent remonter des indicateurs sur le nombre d’experts, de journalistes, de veiller à ce que ne soient pas véhiculer de stéréotypes via les programmes de fiction ou d’information. Ce n’est pas le cas pour la presse écrite. Ceci dit. Nous avons pu échanger avec beaucoup de titres qui sont en avance à ce sujet, tel Ouest-France qui tient un baromètre sur le nombre de tribunes signées par les hommes et par les femmes ou sur les photos.

À l’inverse, pour d’autres, soulever la question de la place des femmes dans leurs colonnes est quelque chose de presque offensant et une atteinte à la liberté de la presse.

Selon les secteurs ou sujets, la parité n’est-elle pas plus difficile à atteindre ?

Vous pointez du doigt une remarque qui nous a souvent été faite ; certaines expertes sont sollicitées mais ne veulent pas venir ou nous conseillent d’appeler leurs confrères. C’est vrai pour quelques domaines, notamment scientifiques. J’avais travaillé, il y a deux ans, sur la place des femmes dans les sciences pour la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale. Si certains domaines pouvaient compter des femmes à parité, comme la biologie, dans des postes à responsabilités cela ne se traduisait pas encore. La parole de l’expertise revient à ceux qui ont des postes hiérarchiques forts. C’est pour cela qu’il faut encourager les médias à aller chercher la parole vers des personnes qui ne sont pas les plus hiérarchiquement positionnées mais aussi encourager les femmes à ces prises de paroles et les institutions à proposer des profils féminins. On ne peut pas tout reprocher aux médias.

Comment voyez-vous le papier dans 10 ans ?

J’ai organisé une vidéo-conférence avec Brune Poison, l’ancienne secrétaire d’État à l’Écologie sur l’éducation et le développement durable. Une de nos collègues a pointé la mission d’information sur l’utilisation du papier recyclé, que je n’avais pas vu dans mon scop. Il est devenu important de s’interroger sur notre rapport avec les écrans. On a longtemps considéré qu’utiliser du papier était un acte non écologique mais peu à peu on prend conscience qu’il peut rentrer dans un schéma d’économie circulaire. Lire sur papier possède un côté salvateur pour la concentration, alors que la consultation en ligne est perturbée par les notifications. De plus, le papier possède ce sens du toucher qui, à l’heure de les contraintes sanitaires, séduit.

Que diriez-vous à un enfant sur la magie du papier ?

Je ne peux que me réjouir de constater que la littérature jeunesse connait un vrai succès. Il suffit de voir les succès des pop-ups chez les enfants ! Ce côté magique du déploiement, des volumes. Ce sont des invitations à s’émerveiller mais aussi à respecter le papier qui fera que, plus tard, les enfants respecteront les livres. Il y a aussi le dessin qui permet de s’exprimer et écrire.

Le papier nous fait penser différemment en écrivant à la main ou sur l’ordinateur. Il est important d’alterner les deux supports.

Pour en savoir plus : https://celine-calvez.fr
Lire le Rapport sur La Place des femmes dans les médias en temps de crise (90920)

Pour lire ou télécharger le n°40 Spécial 2020-2030


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