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Culture #Interview

Les jeunes lecteurs restent attachés aux livres papier, confirme Ambre Rouvière, Les Editions Prisma

16.11.2021
Ambre Rouvière est responsable du pôle littérature au sein du groupe Prisma média. Les Editions Prisma publie une quarantaine de livres par an avec une prédominance de fictions en direction d’un très grand public féminin. Une façon de toucher un lectorat plus ouvert.

Quelles sont vos fonctions en sein de Prisma media ?

J’ai commencé à travailler dans l’édition en free-lance avec une thèse de doctorat en lettres classiques. Chez Albin Michel département sciences humaines, un des premiers auteurs que j’ai relus était d’André Comte-Sponville. En 2013 je suis rentré chez dans le groupe Prisma média pour un poste de développement. Ce fut le grand écart avec les feel-good books !

J’ai toujours été dans des maisons qui faisaient de jolis objets, avec une attention particulière au papier.

À l’époque, il n’y avait presque rien concernant le rayon livres. L’idée était d’installer des gammes grand public, en cohérence avec les éditions du groupe Prisma touchant un lectorat plutôt féminin. Femme Actuelle était le magazine leader du groupe, mais il existe aussi des magazines comme Flow ou GEO aux lectorats plus premium.

Une petite gamme dédiée à l’Histoire a nous permis de sortir 2 à 3 livres par an. comme Les 10 personnages les plus importants dans un thème, par exemple, les 10 Samouraïs de l’âge d’or du Japon, de la Bible…

Dès 2014 j’ai beaucoup travaillé avec Bruno Fuligni qui a publié Les aristos du crime (2014), Les Bourdes militaires, Les Grandes Hystériques (2015), ou encore Les illuminés de l’occulte (2016) , …..

L’idée est de prendre un auteur reconnu dans un domaine,  capable de produire un contenu qui soit incontestable du point de vue historique mais écrit de façon ludique.

Je m’occupe aussi d’une autre marque, Les Nouveaux Auteurs avec Jean-Laurent Poitevin qui a créé des plateformes d’écriture parrainées par Femme actuelle ou Ça m’intéresse. Nous publions le gagnant du concours. Une collection pour publier les anciens lauréats a également vu le jour. En 8 ans, nous avons développé de nombreux concepts, même si nous en avons abandonné certains

Sur quels secteurs s’orientent vos publications ?

Livre témoignage sur des sujets sociétaux

La majorité de nos livres publiés sont des romans féminins, des romans étrangers et français. Nous avons également un peu de non-fiction, des biographies de musiciens, des témoignages sur des sujets sociétaux comme sur l’illettrisme, avec le témoignage d’une femme qui a réappris à lire à 50 ans, ou encore celui d’un jeune médecin sur l’année Covid et l’état de l’hôpital public. Aussi, quelques vulgarisations historiques mais la majorité sont des feel good, des comédies romantiques et de Noël.

Quels sont vos canaux de diffusion ?

Nous sommes diffusés par Interforum (Editis) dans les librairies mais surtout dans les grandes surfaces (GSA et GSE), dans les espaces Leclerc, les Cultura, les Fnac. Notre lectorat est majoritairement féminin et provincial qui aime la littérature de loisirs et de divertissement. Nos tirages oscillent entre 3 000 à 25 000 exemplaires suivant les tirages.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

La collection Nouveaux auteurs

Ce sont des auteurs connus de Feel Good books comme Jenny Colgan, qui a écrit notamment « La Petite Boulangerie du bout du monde ». Elle est écossaise et ses actions se passent dans des décors naturels. Nous avons ainsi des auteurs irlandais et anglo-saxons qui placent leurs intrigues dans de beaux décors, et qui parlent d’épanouissement personnel, de réflexions, comment mieux choisir ce qui nous convient, comment profiter de la vie, de nouer de vraies relations avec les gens. Quant aux comédies romantiques, elles sont plus citadines.

Une littérature autour des chats

Dans la lignée de Miaou, nous avons aussi lancé une collection avec des chats, notamment par Isabelle Collin (Dans la peau d’un chat, Le fabuleux pouvoir d’un chat Vive la ronronthérapie !, ….). Le chat n’y est pas forcément le héros mais il est important dans l’histoire. C’est très à la mode de mettre un chat en couverture alors qu’aux Etats-Unis, beaucoup de livres avec des chiens se vendent, mais ce n’est pas le cas en France, du moins pour le moment…

Le papier reste encore l’élément principal de votre stratégie ?

Prisma a été rachetée par Vivendi en juin qui croit beaucoup à l’avenir du papier et à son rôle essentiel même si des développements dans le digital voient le jour. Nous accordons une attention particulière à la forme et la fabrication, en particulier pour Noël, avec des couvertures qui contiennent de la dorure, du gaufrage, des paillettes. Souvent nos livres sont publiés en poche, aussi pour garder notre lectorat en grand format, il nous faut nous différencier. Nous imprimons en Europe, en France, en Italie ou dans les pays de l’Est, sur du papier certifié ou recyclé.

Le numérique, le livre audio, comment se positionnent-ils dans la stratégie ?

La new-romance surtout se vend bien en numérique (40%), mais nous assistons à l’émergence des audio-livres qui affichent des progressions remarquées avec des usages pour les lecteurs qui font du jogging ou qui écoutent dans leur voiture. Ce sont des vrais comédiens qui lisent et certains sont des comédiens reconnus, comme Alysson Paradis, la sœur de Vanessa.

 Le numérique demeure restreint car ce sont les très gros lecteurs qui utilisent des liseuses. Nous pensions que les jeunes lecteurs allaient s’engouffrer dans ce marché, or pas du tout, ils restent attachés au papier.  Sans cesser de promouvoir le livre…

Nous avons un Prix littéraire avec Miaou et le Journal 20 minutes. Les lauréats sont des auteurs français, beaucoup de primo auteurs qui n’ont jamais été publiés ou qui sont passés par l’autoédition.

 

Propos recueillis par Patricia de Figueiredo, le 16 novembre 2021


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