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Écosystème #Interview

Le papier a parfaitement sa place dans l’évolution actuelle de la société, selon William Lenglet

17.09.2020
Il ne s’agit pas de s’interroger sur la nécessité du papier mais sur l’accès et la mise à disposition de l’information. William Lenglet, président du groupe Lenglet se refuse à distinguer presse d’information générale et presse commerciale. Elles sont complémentaires pour l’équilibre industrielle de la filière graphique. Jean-Denis Odievre, chargé de communication, témoigne à la Conférence Culture Papier du 29 septembre à Paris.

William Lenglet, Président du Groupe Lenglet © DR

Reconnue pour ses capacités industrielles à imprimer le prospectus publicitaires, Lenglet Imprimeurs complète son offre vers la presse d’information. Avec un effectif de 130 personnes, l’entreprise nordiste s’appuie sur deux sites industriels, à Caudry, avec 3 machines offset, et à Raillencourt-Sainte-Olle avec 4 rotatives grande laize, dédiées à l’héliogravure, pour les gros volumes.

Quel enseignement avez-vous tiré du confinement pour l’imprimé ?

La presse écrite a été considérée par le gouvernement comme activité essentielle lors de la crise de la COVID 19. Le support écrit permet de privilégier le recul et la réflexion. On le consulte quand on est disponible. Ce qui a été compliqué pendant le confinement est la limitation des déplacements qui a fait chuter la fréquentation.

Il ne s’agit pas de s’interroger sur la nécessité du papier mais sur l’accès et la mise à disposition de l’information.

Par contre, en cas de confinement, nous pouvons nous interroger sur la surcharge des réseaux numériques et le risque d’effondrement de certains serveurs et par conséquent la nécessité de maintenir une disponibilité d’information par un autre canal. Le papier et le numérique sont deux procédés complémentaires qu’il convient de maintenir pour assurer un bon équilibre d’accès à l’information.

Quel rôle l’imprimé peut-il tenir dans l’après Covid et participer à la reprise ?

De nombreuses études démontrent que l’imprimé est un vecteur de communication durable qui incite concrètement à passer à l’acte d’achat. A l’inverse, l’email a plus vocation à animer une campagne, à entamer une relation…

Les Français ont besoin de se rassurer en retrouvant les automatismes perdus pendant le confinement.

L’imprimé publicitaire fait partie intégrante du quotidien des français, il joue un rôle de lien social. Il suffit d’entendre le nombre de personnes qui s’interroge et souhaite connaitre la date à laquelle elles vont de nouveau recevoir les prospectus publicitaires dans les boites aux lettres pour se rassurer sur la nécessité d’imprimer….Au contraire de l’email souvent classé dans les spams ou détruit avant même de l’avoir lu.

Les marques intègrent le prospectus pour doper leurs ventes. Le côté tactile du papier reste incontournable et représente ce côté rassurant tant recherché par les Français. Le fait de ne pas recourir à l’Imprimé publicitaire pour relancer l’économie serait comparable au jardinier qui ne sème pas pour faire des économies et qui s’inquiète de ne rien récolter les mois suivants….

Les Français subissent la crise et recherchent les bons plans permettant d’alléger les factures du quotidien. Les imprimés publicitaires sont souvent associés aux « bons plans » et aux gains de « pouvoir d’achat ».

Quel type d’innovations attendez-vous du média papier/imprimé face aux nouveaux enjeux qui se profilent notamment celui de « se passer » de publicité ?

Un arrêt de la publicité n’est pas réaliste à ce jour.  « Se passer » de publicité reste une utopie souhaitée par une petite partie de la population.

Plusieurs enseignes ont tenté l’expérience et sont rapidement revenues sur leur décision. Certes, elles se sont adaptées et ont fait évoluer leur concept : Campagnes publicitaires plus ciblées, plus fréquentes pour accentuer la présence dans les foyers. Comme de tout temps, la société évolue. Il faut s’adapter, faire preuve d’innovation. Le papier a sa place.

Dans cette disruption sociétale accélérée, quelle est votre proposition pour que le papier/imprimé ait sa place dans le ‘capitalisme numérique’ qui s’impose selon l’économiste Daniel Cohen ?

Plusieurs constats sont incontournables :

En premier lieu, le réchauffement climatique n’est plus virtuel : le monde prend conscience de la situation et entame sa révolution écologique… : La réduction des gaz à effet de serre devient une nécessité.

La filière graphique a entamé ce virage écologique depuis de nombreuses années.

Aujourd’hui, nous sommes Imprim’vert et fiers d’imprimer sur des papiers certifiés PEFC ou FSC, d’utiliser des encres labélisées BLUE ENGEL (dites encres blanches) en offset, et de recycler le papier afin de lui offrir jusqu’à 7 vies.

Les encres utilisées en héliogravure ne contiennent pas, quant à elle,  d’huile minérale et ne sont pas concernées par la problématique des huiles minérales et des hydrocarbures aromatiques contenus.

N’oublions pas que les ordinateurs sont composés de plusieurs éléments nocifs pour l’environnement dont le recyclage est très douteux et que la pollution digitale est responsable d’une importante partie des émissions de CO2 de la planète. : supprimer 30 mails équivaut à économiser 24 heures de consommation d’une ampoule !

L’impact environnemental du papier est plus faible que l’impact environnemental d’internet.

Il est nécessaire de poursuivre les efforts entrepris et d’accentuer la recherche pour diminuer notre impact environnemental. L’imprimé publicitaire est un média responsable.

En second lieu, le papier n’est pas intrusif, à l’opposé des SMS ou des e-mails. Les prospectus et les autres imprimés peuvent être lus à tête reposée et dans de bonnes conditions, lorsque le destinataire choisit de le faire !

Par ailleurs, à l’heure du numérique, on s’interroge souvent sur la confidentialité des données et sur la possibilité de piratage de ses données personnelles. (Pour preuve, la difficulté de mise en place de l’application « COVID 19 »). L’accès à l’information écrite ne présente pas ce type de risque.

Enfin, la filière graphique reste une industrie non délocalisable alors que le Web est synonyme de mondialisation. Aujourd’hui, nous sommes fiers de constater que sur certaines enseignes ont pris le parti d’une relocalisation auprès de la filière française préservant ainsi les emplois et l’économie.

Ces arguments sont autant d’éléments en faveur du papier qui a parfaitement sa place dans l’évolution actuelle de la société. Le papier et le numérique sont deux procédés complémentaires. Le papier : on y croit. 

Propos recueillis validés le 16 septembre 2020


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