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Société #Interview

J’essaye de combattre les contre-vérités qui circulent sur le papier : Yves Hemedinger, député du Haut-Rhin

22.04.2021
De son passé professionnel chez des Papetiers (IP, Papeteries de France, Stora Enso), Yves Hemedinger peut témoigner des progrès du monde papetier en matière d’environnement. C’est donc tout naturellement que le député du Haut-Rhin a appelé lors du débat du projet de Loi Climat et Résilience, à se concentrer sur les vraies problématiques environnementales plutôt que de continuer à propager des contre-vérités sur le papier. Il a compté parmi les députés qui ont voté la suppression de l'art.9 et l’expérimentation du Oui-Pub.

Vous avez passé une partie de votre carrière dans des papeteries, vous avez pu voir leurs efforts en matière de développement durable ?
J’ai travaillé de 1993 à 2012 chez International Paper et dans la branche distribution Papeteries de France. Comme souvent il y a eu des restructurations, j’ai terminé chez Stora Enso. Sans arrêt, j’essaye de rétablir les faits et de combattre les contre-vérités et lieux communs qui circulent sur le papier. Non le papier ne détruit pas les forêts! Toutes les normes PEFC et FCS sont utilisées. La consommation d’eau a été drastiquement réduite. Les papetiers ne sont pas fous à détruire les matières premières qu’ils utilisent. Mais il est très difficile de rétablir les faits.

Ceux qui vous disent qu’ils consomment le moins de papier possible pour « ne pas faire souffrir la forêt »
sont les mêmes qui veulent des maisons ou des meubles en bois !

Yves Hemedinger, député du Haut-Rhin, ancien papetier

Pourquoi avez-vous voté pour la suppression de l’article 9 de la loi Climat & Résilience ?

Cet article ne vise pas la bonne cible en matière d’environnement et de plus cela va contraindre l’activité économique de ce secteur qui est déjà en souffrance. Cette loi comprend de bons articles mais les vrais problèmes sont survolés ; on vise les 10% au lieu de s’attaquer aux 90% qui posent problèmes comme les passoires thermiques.  L’automobile, qui a fait d’énormes progrès, subit comme les papetiers un bashing disproportionné, alors que c’est un atout industriel pour la France.
Faisons confiance au bon sens de nos concitoyens et ne les déresponsabilisons pas.

Ayons une vision positive et pas punitive de l’écologie.

Je suis un écologique pragmatique. L’attitude de ceux qui ont préemptés le sujet retarde les avancées car cela braque une partie de la population et rentre à l’encontre de la thèse qu’ils défendent.

Il ne faut jamais oublier qu’envoyer un mail est tout sauf neutre pour l’environnement. Les serveurs nécessitent d’être refroidis alors que la forêt française ne s’est jamais aussi bien portée. Même s’il ne faut pas occulter que les papeteries sont énergivores pour fabriquer le papier. C’est pour cette raison que je milite pour l’utilisation de l’hydrogène pour décarboner l’industrie. Dans mon secteur j’ai des industries consommatrices d’énergies, il serait possible de transformer la centrale de Fessenheim en une usine à hydrogène.

À chaque élection, on reparle de numérisation des professions de foi, vous pensez que la démocratie peut fonctionner ?

Cela ne ferait qu’accentuer la fracture numérique.  Aujourd’hui les concitoyens ont besoin de ce support – en tout cas ceux en âge de voter, peut-être que dans 20 ans il en sera différemment. S’il est supprimé, ce sera autant de votants en moins. Maintenant ceux qui considèrent qu’ils n’ont pas besoin de papier, ils peuvent ne pas faire de tracts.

Les professions de foi doivent rester sous forme papier.

Comment voyez-vous le papier dans 10 ans ?

Incontestablement la digitalisation de notre société progresse. Jusqu’au jour où il y aura des problèmes d’approvisionnements. De plus, le grand incendie à Strasbourg d’un data center, qui a mis en difficulté de nombreuses entreprises, prouve que nous sommes assez vulnérables. Et comme beaucoup de nos données sont stockées dans des grands centres à l’étranger, nous ne sommes pas à l’abri d’une évolution de la situation géo-politique.

C’est aussi sur l’éducation qu’il faut agir ?

A Colmar, j’ai longtemps été premier adjoint au maire et nous avions créé une médiathèque il y a 6 ans. Beaucoup avaient peur qu’elle ne rencontre pas le succès, pourtant le nombre d’abonnés a fortement augmenté. Les librairies dans la ville aussi se portent plutôt bien.

Les tablettes ne sont pas encore en train de remplacer les livres.

 

Propos recueillis le 20 avril 2021

 

 

 


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