Il faut déculpabiliser face aux croyances de l’écologie politique, pour Jean de Kervasdoué, agronome et économiste
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Écosystème #Débat

Il faut déculpabiliser face aux croyances de l’écologie politique, pour Jean de Kervasdoué, agronome et économiste

18.02.2021
Son accusation sans ambiguïté, et bien argumentée, "Les Ecolos nous mentent" (Albin Michel) constate non seulement la popularité de l’anti-science et des prophéties catastrophistes, mais plus grave d'un dénigrement du progrès. Agronome et économiste de la santé, Jean de Kervasdoué vise à rétablir quelques faits sur le véritable état des lieux de la planète et une confiance dans la méthode scientifique pour engager les vraies urgences. Ce qu’avance ce membre de l’Académie des technologies sur la déforestation a le mérite de remettre les pendules à l’heure.

Plus que jamais la religion écologique tente d’imposer sa loi.

« Personne ne souligne la coupure entre ceux qui ont une formation scientifique et les autres, qui se laissent emporter par les ventes dominants. » Depuis des décennies, mais plus précisément depuis Les Prêcheurs de l’apocalypse (Plon 2008), puis Ils ont perdu la raison (Robert Laffont 2014), l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué jette ses pavés de raison dans le débat dévoyé par l’anti-science de la santé et de la nature.

Il faut saluer le courage de son éditeur de publier un essai à rebours de la pensée dominante, et qui sera vu comme un chiffon rouge dans les débats « diabolisés » autour de l’écologie en général, et plus encore autour du projet de loi portant « lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets », prolongement de la Convention Citoyenne pour le Climat. L’auteur ne mâche d’ailleurs pas ses critiques contre cette Convention dont il souligne la « remarquable manipulation des sectes écologiques », Avec Les écolos nous mentent, il vise avec Henri Voron, hydrologue et ingénieur en chef des Ponts et Forêts et pourfend « les sophistes qui ne s’intéressent qu’à l’opinion, pas à la vérité. » Avec une arme de dissuasion massive, toujours efficace, la stratégie de la peur.

Un appel à l’exigence scientifique

D’une plume alerte et éclairée qui appelle les vrais débats, l’ancien titulaire de la chaire d’économie et de gestion des services de santé du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) s’attaque au retour de la « pensée magique » et le triomphe médiatique de l’ « écologisme politique ». En quelques chapitres courts, il appelle le lecteur à faire le tri entre réelles préoccupations et les idées fausses imprégnées d’idéologie. » : depuis le « manque d’eau » aux « incendies très politiques », des abeilles à la viande rouge sans oublier le bio, les abeilles, la faune sauvage (où l’on confond souvent effectifs et espèces), .. d’autant le calcul des risques martelés jusqu’à plus soif est difficile à mesurer, d’autant que sans méthode expérimentale, les données statistiques sont mal maitrisées et que souvent concomitance et causalité sont confondues.

Ecologie scientifique vs écologie politique

Réaffirmant que l’état des lieux de la planète est hétérogène, Jean de Kervasdoué se refuse à toute généralité à l’exception du climat, sur l’écologie en général. Il regrette les confusions médiatiquement entretenus par l’écologisme politique ; entre le local et l’universel, entre les questions météorologiques et les questions climatiques, entre modèles et expériences, entre le risque et le danger, entre débats juridiques et  controverses scientifiques…  Sur tous les sujets clivants, ses analyses sont à contre-courant de la doxa verte, n’hésitant pas à réhabiliter ; l’énergie nucléaire, la culture des plantes génétiquement modifiées, qui contribuent à la baisse des gaz à effet de serre, le diesel, les produits phytosanitaires, Leur interdiction souvent aveugle entraîne des coûts économiques, industrielles et sociales sans pour autant être efficaces.

Par contre, il souligne les vraies urgences ; le développement des villes qui ne disposent pas d’adduction d’eau, comme d’assainissement, rejetant rejetés en mer les immondices et les sacs en plastique, la surpêche, trop souvent illégale, une aquaculture qui doit se convertir à la nourriture à base de plantes (et non de poissons), …

Et pose le véritable défi des générations Thunberg à venir : « La question écologique majeure est donc d’imaginer comment on pourra accueillir, loger et nourrir les deux ou trois milliards d’êtres humains qui viendront enrichir la planète dans les trente prochaines années. »

La forêt autre victime de l’ignorance ambiante

Tout le long de son livre, mais surtout dans un chapitre dédié, l’ancien ingénieur agronome de l’Agro et des Eaux et Forêts rappelle quelques vérités sur la forêt :

  • La superficie forestière augmente ; dans l’hexagone, elle a été multipliée par trois depuis deux siècles, occupent aujourd’hui le tiers du territoire. En Europe, la forête naturelle ne reprzsente que 1% des surfaces boisées (contre 40 à 52% au Canada)
  • A l’échelle du globe, la forêt couvre encore environ 4 milliards d’hectares, soit 28% des terres émergées, ce qui est considérable. A l’exception de la Pologne, il n’y a plus de forêt primaire en Europe et rien n’est moins « naturel » qu’une futaie de chêne : pour exister, elle a nécessité l’attention de forestiers vigilants pendant au moins deux siècles.
  • Le rythme de la déforestation, mesurée par la FAO ne cesse heureusement de décroitre, à l’exception du Brésil.
  • La forêt n’est pas seulement un lieu de production de bois, c’est aussi un endroit de promenade, de rêverie, de chasse, de cueillette et de cohabitation entre de nombreuses espèces. Les forestiers privés représentent les trois quarts de la forêt française.
  • L’exploitation nuit-elle à la biodiversité ? Globalement non. Moins une forêt est exploitée, plus elle se couvre, ce qui réduit sa luminosité ; la biodiversité diminue alors, à moins de faire artificiellement des puits de lumière.
  • Ignorance et à-peu-près nourrissent une idéologie qui se traduit par une volonté – politique- de nuire à une production à l’évidence écologique et néanmoins mécanisée. Les vertus isolatrices du bois sont pourtant connues. Tant qu’il ne brûle pas, il piège en son sein du carbone. Il abrite un écosystème qui changerait peu si on gardait ces arbres sur pied.

La nature n’est ni simple, ni manichéisme

A rebours des thèses martelées par l’écologisme politique, Jean de Kervasdoué appuie ses arguments avec des études scientifiques et des raisonnements logiques. Mais tire souvent la sirène d’alarme.
A l’heure des « tribunaux de la science » que veut dire pour la France d’aujourd’hui une « réponse proportionnée » à la menace invoquée par les plaignants contre l’Etat qui selon eux, ne protège pas assez sa population des aléas climatiques ?  en fonction de sa surface (0,3% des continents), de sa population (1%)….

Constatant les ravages intellectuels du principe de précaution, l’auteur en appelle au retour à la méthode expérimentale scientifique, avec le test permanent d’hypothèses. Seule démarche pour sortir des diabolisations irrationnelles et des ruses du mensonge qui permettent de les imposer.  Les auteurs ne sont jamais aussi percutants quand ils démontent les croyances au nom d’une nature idéalisée. Alors que tout ce qui la compose est le fruit d’un équilibre dynamique.

Un dernier argument pour recommander ce livre stimulant ; les risques que court notre planète ne sont pas seulement écologiques, ils sont aussi cognitifs ; si l’accès à tous les savoirs est une condition nécessaire pour que tous puissent se forger une opinion, il est loin d’être suffisant. Le défi de la pensée scientifique généralisée est devant nous.


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