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Écosystème #Interview

Le papier restera un pilier de la communication, pour Gilles Mure-Ravaud, président du GMI

01.07.2020
Gilles Mure-Ravaud, DG adjoint de CPI France a été élu le 25 juin président du GMI, organisation professionnelle patronale de la communication et de l’impression. Il confie à Culture Papier dont il est membre sa vision et ses convictions pour l'imprimé qui se réinvente.

Comment le papier a-t-il compté dans votre confinement ?

Les lectures de Gilles Mure-Ravaud durant le confinement Photo G.Mure-Ravaud

Durant cette période très compliquée, je me suis plongé dans la lecture sans modération. J’ai dû lire une quinzaine d’ouvrages en 3 mois. Le confinement m’a permis de faire un point sur les vraies valeurs et de retrouver la notion du temps.
Nous avons en France de grandes maisons d’éditions avec des auteurs que beaucoup de pays nous envient.
De nouveaux auteurs très prometteurs ont également beaucoup de succès. J’ai pu passer du monde de la fiction à celui de l’histoire en passant par celui de l’environnement qui doit désormais être au centre de nos préoccupations.
Entre une conf call et une vidéo call, la lecture m‘a permis de garder un bon équilibre malgré les contraintes du confinement.

Vous venez d’être élu président du GMI, quelles devraient être vos premières mesures ? Quelle vision avez-vous de la situation ?

Je suis au GMI depuis 2015 et j’ai été élu administrateur en 2017. Avec le conseil d’administration nous avons bâti un programme autour de douze chantiers pour développer et intensifier les actions de notre syndicat.

Les mesures les plus importantes sont les suivantes :

  • La formation avec le développement des partenariats engagés avec les principales écoles des arts graphiques comme : L’Asfored, Gobelins, Estienne, Pagora , la Sepr et les centres de formation d’apprentis comme Grafipolis Nantes, Tours, Rouen, Marseille …
  • L’augmentation des services apportées aux adhérents : juridique, emploi, labellisation, RSE, achat, vente, transmission d’entreprises …
  • Apporter un second souffle à l’impression en France sur la base de Print in France lancé et développé par Gilbert Caron
  • Accroître le nombre de nos adhérents, en France la proportion est trop faible par rapport à d’autre pays. Un objectif de + 10 % est réalisable malgré le nombre d’imprimeries en baisse depuis de longues années.
  • Faire du congrès du GMI (qui se tiendra le 5 novembre 2020) un moment incontournable de la profession avec de nombreux sujets de fond. Notamment, de la période que nous traversons et comment bien rebondir.
  • Bien évidemment notre communication au travers du papier, de notre site web et des réseaux sociaux ciblés.

Gilles Mure-Ravaud, Président GMI © DR

Quel rôle le papier peut-il tenir dans l’après Covid et participer à la reprise ?

Le papier est et restera au centre de la communication, il en est un des piliers. C’est une valeur sûre qui a fait ses preuves au niveau environnemental. Je trouve dommage que nous soyons obligés de nous justifier sans arrêt alors que des évidences parlent pour nous. Nous devrions consacrer plus de temps à continuer de vivre en harmonie avec la forêt, le papier, les livres.
Je suis persuadé que la période que nous traversons montrera à beaucoup de monde la joie et le plaisir de se retrouver en forêt en respirant l’air pur sans contrainte de distanciation sociale.
La période de confinement a permis à de nombreuses personnes de redevenir lecteurs de livres bien physiques. Toucher le papier, se plonger dans d’autres univers, se cultiver, des moments privilégiés que beaucoup avaient oubliés.
Culture Papier dont je suis un des membres fondateurs est incontournable pour remettre le papier au centre du débat. Nous devons tous contribuer à notre petit niveau à ce renouveau d’après le confinement.

Pensez-vous que nous allons assister à une vague relocalisation de nos industries ?

Je pense effectivement que cette période est propice pour le retour en France d’industries sacrifiées sur l’autel de la rentabilité.
Ce mouvement a déjà commencé au niveau des livres couleurs et particulièrement dans le marché de la jeunesse. La Chine a vu un recul de son hégémonie au bénéfice de certains pays européens. Je tiens à souligner que nous avons en France des entreprises très performantes mais encore trop peu nombreuses.
Nous devons être fiers que les principaux best-sellers s’impriment en France.
Nous devons nous montrer plus astucieux et audacieux pour reprendre les parts de marchés dans d’autres secteurs. Tous les produits ne sont pas partis en Chine, nous devons reconquérir par l’audace et le travail ce que nos voisins nous ont pris au fil des années.

Quels types d’innovations attendez-vous de l’écosystème du papier face aux nouveaux enjeux qui se profilent ?

Nous avons en France de la matière grise à profusion dans des écoles comme Pagora qui a su se développer dans des secteurs connexes au papier.
J’ai eu la chance d’avoir été élève de l’École de papeterie qui avait encore ses bureaux dans le centre de Grenoble. Aujourd’hui au sein du centre universitaire de Saint-Martin-d’Hères, elle s’est développée dans de nombreux domaines dont l’impression, la transformation et de plus en plus dans les nanocelluloses et solutions novatrices destinées à d’autres industries comme l’automobiles, le bâtiment …
Le LGP2 laboratoire interne de Pagora est mondialement connu pour les brevets déposés sans oublier le Centre Technique du Papier qui travaille depuis plus d’un siècle au devenir du papier et de la cellulose.

Dans cette disruption sociétale accélérée, quelle est votre proposition pour que le papier ait sa place dans le « capitalisme numérique » ?

Tout d’abord, il faut privilégier le développement de nos points forts, continuer de travailler sans relâche, innover pour que la place du papier reste évidente.
Il faut choisir la bonne communication, bien la cibler et surtout ne pas s’affronter au capitalisme numérique. Le numérique aide nos industries, l’industrie du futur a besoin du numérique mais ce dernier ne doit pas devenir omnipotent.
Il faut lutter contre les groupes mondiaux ultra-puissants qui écrasent nos fondamentaux comme le papier.
Il ne faut pas oublier les plus jeunes, en les impliquant dans notre démarche, les préparer au monde de demain où le papier aura une place encore plus grande qu’aujourd’hui.

 

propos recueillis 29 juin 2020


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